Je suis revenu récemment de Madagascar.
Là-bas, des enfants de 3 ans abandonnés jouent dans les flaques d’eau des caniveaux saturés.
Le petit bout de bois qu’ils font flotter dans cette eau insalubre, c’est le bateau qui les emportera, un jour, vers le pays où ils auront des parents et un toit.
Pour passer le temps, ils mendient ou s’épouillent pour ne pas trop se gratter la tête.
A la nuit tombée, l’aîné construit pour la fratrie une cabane en carton d’emballage pour survivre aux nuits froides des hauts plateaux de Tana.
Ils ne résistent pas tous aux intempéries ou à la maladie.
Là-bas, si on a un peu d’argent, on peut prétendre se faire extraire un chicot dans un dispensaire quand on a une cellulite.
Pour les autres, les soins n’existent pas.
Le PIB à Madagascar est de 495 $ par an.
Le PIB en France est de 38 635$ par an.
Soit 78 fois supérieur.
Cette photo, je l’ai prise du balcon de mon hôtel.
J’ai observé cette misère un long moment, puis je suis allé me regarder dans le miroir de la salle de bain:
» Philippe, que fais-tu de tes 10 doigts à longueur de journée »
Je suis sorti à la pharmacie du coin pour acheter un peigne et de la poudre anti-poux que je leur ai donnés, avec un petit billet.
Histoire de soulager ma conscience.
De retour en France, je pense souvent à ces enfants qui ont le néant pour avenir.
Cette photo, je la conserve dans le tiroir de mon bureau.
Je la sors opportunément quand on m’asticote un peu trop pour une incisive en légère rotation visible uniquement à la loupe 3.5 (bien nettoyée)
Ça n’est pas toujours bien pris.
Peu importe.
Mais remettre le curseur des exigences de nos patients au bon niveau, ça fait du bien (ouf! je me sens mieux).
